17 Nov 2020 Alimentation : nos champs plus verts que nos industries !
Les aliments ultra-transformés contiennent de nombreuses molécules issues du cracking des matières premières agricoles. Ces substances obtenues par la dénaturation des produits agricoles sont controversées pour notre santé. La chimie est présente tout au long des filières alimentaires.
Alertés sur le produits ultra-transformés, nous avons voulu savoir ce que contenaient les aliments provenant de nos champs, une fois ressortis des industries agroalimentaires. Après avoir téléchargé les applications Scan’Up et Siga, nous avons scanné quelques codes QR sur des paquets de petits gâteaux. Tous nos produits de biscuiterie sont mal notés, y compris des produits bio ou des marques synonymes de diététique. Dans les 11 paquets de petits gâteaux que nous avons étudiés, nous avons trouvé 27 substances issues de la chimie minérale ou organique et 2 produits naturels importés : sucre de canne dans 4 références et également de l’huile de palme dans 4 références aussi. Nous aurions bien préféré ne trouver que du sucre de betteraves issues de nos fermes locales et familiales plutôt que du sucre brésilien. De même, pourquoi utiliser de l’huile de palme indonésienne et non du beurre ou de l’huile de tournesol de l’agriculture locale ?
Revenons à nos 27 substances indésirables. Les gâteaux qui en contiennent le plus sont les Pim’s de LU, avec 13 substances et ceux qui en contiennent le moins sont les sablés bio, également de LU, avec 4 substances. La moyenne est à près de 7 substances par produit. Les Gaufres bio au miel de Bjorg en contiennent tout de même 5 et les Goûters à l’écorce d’orange confite de Gerblé, 4.
Sur les emballages de la marque LU figure une information sur la « Charte Harmony » qui utilise du blé cultivé en France avec la photo d’un agriculteur ou d’une agricultrice qui s’engagent tous à produire durablement en participant « à la préservation de la qualité du sol, de l’eau, de la biodiversité locale et à la réduction des émissions carbones ». Pourquoi ne parler que d’un seul ingrédient entrant dans la composition de ces petits gâteaux alors qu’il y en a parfois une vingtaine ? Pourquoi focaliser l’attention du consommateur uniquement sur ce qui se passe chez l’agriculteur producteur de blé et pas chez les producteurs de ces substances controversées issues de la désintégration de nos produits agricoles par le cracking dans les industries amylacées, ou encore tout simplement dans l’usine de la biscuiterie ?
L’agriculteur et l’agricultrice en photo sur les paquets n’ont-ils pas le sentiment d’être utilisés par la multinationale américaine Mondelez, propriétaire de LU ? Cela nous fait également penser à l’agriculture régénératrice de Danone où, dans des réunions des agriculteurs sont montrés. Cela sous-entend qu’avant, ils étaient des dégénérés… C’est dans cet esprit que l’UIPP avait créé l’agriculture raisonnée du réseau FARRE présidé par Christiane Lambert et c’est toujours dans ce même type de stratégie de communication que les filières cherchent aujourd’hui à imposer la HVE : le business doit être florissant, peu importe s’il faut s’essuyer les pieds sur les paysans pour y arriver ! L’essentiel est de justifier ses pratiques sans ne rien changer.
La Charte Harmony demande aux agriculteurs partenaires de cultiver des fleurs en bord de route pour que cela se voit, pas des insectes mais des automobilistes. Un entomologiste déclare à ce sujet « vous ne verrez jamais d’abeilles sauvages sur ces fleurs !».
Gerblé nous assure que les céréales qu’il utilise sont cultivées à moins de 200 Km des usines. Mais alors pourquoi, début novembre 2020, dans les linéaires des supermarchés, manquait-il la moitié des références Gerblé à cause d’une contamination à l’oxyde d’éthylène ? SGS nous apprend qu’un lot de plus de 200 tonnes de graines de sésame en provenance d’Inde contenait de l’oxyde d’éthylène à une teneur de plus de 100 fois supérieure à la LMR ! L’oxyde d’éthylène n’est pas un produit phytosanitaire agricole mais un pesticide employé dans l’industrie et le commerce. C’est un biocide doté d’une action fongicide utilisé pour stériliser les produits qui ne résistent pas à la chaleur. Le sésame pourrait se cultiver en Provence. Ce n’est pas très malin que de se faire prendre la main dans le sac en important de très loin.
Comment nos industriels sont arrivés à bricoler nos aliments et que faire pour retrouver une alimentation naturelle ? C’est l’argent qui dirige le monde, en d’autres termes, ce sont les signaux économiques que reçoivent les industriels qui induisent leurs comportements. Quand des matières premières telles que du maïs ukrainien arrivent à moins de 200 € la tonne sur des ports du nord de la France et que la biscuiterie est vendue en moyenne 6600 € HT / tonne en grande surface (7€ TTC le Kg), cet écart de 1 à 33 attire les convoitises d’entrepreneurs qui vont chercher à extraire dans cette mine de matière première à bon prix des substances qu’ils pourront revendre avec une marge aux industries agroalimentaires. Si les prix des matières premières agricoles étaient en rapport avec les coûts de production européens et si les importations étaient stoppées, l’incitation à la dénaturation des produits agricoles serait freinée. Nous comprenons mieux pourquoi l’industrie des produits amylacés exerce un puissant lobbying en faveur de prix les plus bas possibles pour les matières premières agricoles.
Il n’y a donc pas que les agriculteurs qui ont recours à la chimie dans leurs itinéraires de production. D’un point de vue quantitatif, c’est beaucoup plus important et en plus toutes ces substances moléculaires ne sont pas biodégradables car une de leur raison d’être c’est la stabilisation de l’aliment transformé.
Comme disait un ancien président de l’ANIA : « tant que les média focalisent sur l’agriculture, ils n’embêtent pas les IAA ! »