Nos engagements

 

Éthique

 

La liberté d’adhésion syndicale est un droit fondamental obtenu depuis fort longtemps par les salariés. Ce principe est bafoué dans l’agriculture. Nous dénonçons la pratique généralisée de prélèvement de cotisations syndicales par les coopératives, groupements sucriers ou organisations de producteurs, effectué sans le consentement des agriculteurs pour financer des syndicats de complaisance. Cette pratique méprisante et illégale est contraire à toute démarche de RSE. Les agriculteurs méritent autant de respect que les autres catégories sociales et doivent donc pouvoir adhérer librement au syndicat de leur choix.

 

Notre métier mérite un revenu digne. Dans nos campagnes françaises, 200 000 personnes vivent avec un revenu indécent. Filière textile clandestine chinoise ou travail illégal de migrants sans papiers ? Non ce sont des agriculteurs dont la majorité travaille de manière contractuelle, avec des coopératives agricoles. Les prix des matières premières agricoles ne peuvent plus être la variable d’ajustement de filières orientées vers des débouchés hasardeux qui pourtant respectent les législations salariales et sociales pour leurs employés et leurs dirigeants.

 

Solidarité avec les agriculteurs des autres pays. Nous devons arrêter de nous détruire entre agriculteurs en nous confrontant sur des marchés dérégulés comme des gladiateurs dans une arène. Exporter nos excédents de blé vers les pays les plus pauvres de la planète qui ne mettent en place aucune politique agricole pour protéger leurs populations rurales n’a rien de valorisant pour des agriculteurs européens qui cherchent un sens à leur métier. En exportant du blé à des prix inférieurs aux coûts de production de ces pays, nous ne réglons en rien les problèmes alimentaires mais nous déstabilisons leurs économies en faisant chuter les salaires. La carte des pays tiers destinataires des exportations de céréales françaises coïncide avec celle des pays dont proviennent les migrants. Ce n’est que par la reconnaissance et l’application de l’exception agriculturelle que nous pourrons faire cesser les causes de ces dangereux déséquilibres mondiaux.

 

Biodiversité et fertilité

 

Les agriculteurs de France grandes Cultures s’engagent pleinement dans la défense de la biodiversité dans les champs et agissent face à toutes les politiques qui ont des conséquences désastreuses sur la diversité botanique et faunique.

 

Les accords commerciaux, dont la PAC n’est devenue rien d’autre que le document d’application au niveau européen, nous ont poussés depuis 60 ans à la spécialisation des productions au nom de la compétitivité. Face aux revenus insuffisants de l’élevage nous avons retourné nos prairies pour y cultiver du blé et nous avons importé notre alimentation du bétail (soja OGM). Il s’en est naturellement suivi un appauvrissement de nos assolements et une simplification de nos rotations. Les surfaces en luzerne ont été divisées par 10 ! Ces dernières 10 années les surfaces en maïs ont diminué de 30 % en France et de 50 % en Italie. Ce manque de production a été compensé par des importations du Brésil (OGM) et d’Ukraine (aucune réglementation sur les pesticides). Les agriculteurs européens sont les grands perdants de cette spécialisation par défaut en blé car l’UE est devenue artificiellement excédentaire à partir de 1980 et les récoltes doivent être écoulées à prix de dumping sur le marché mondial.

 

Le verdissement de la PAC. Se rendant compte de ses erreurs, la Commission européenne décide alors de faire une politique environnementale en conditionnant les aides à des pratiques plus vertes. Ce verdissement crée de nouvelles contraintes économiques pour les agriculteurs qui du coup se voient condamnés à une double peine. Ils se retrouvent écartelés entre 2 idéologies, sachant que l’écologie n’est pas le remède contre le libre-échange.

 

La biodiversité, à l’instar de la diversité culturelle nécessite donc une exception agriculturelle au niveau des règles du commerce international.

 

Diversité botanique et génétique. Actuellement seulement 10 variétés de blé occupent le ¼ des surfaces en grandes cultures en France ; le blé faisant 50 % des surfaces en grandes cultures et ces 10 premières variétés représentant la moitié de la production de blé tendre. Nous ne pouvons que déplorer ce peu de biodiversité cultivée. Nous devons diversifier nos assolements en redéveloppant de nombreuses espèces abandonnées ou marginalisées. Nous devons segmenter nos variétés afin de répondre aux attentes régionales pour offrir des productions agricoles caractéristiques des terroirs. En multipliant les espèces cultivées nous pourrons allonger nos rotations, ce qui sera bénéfique pour limiter le développement des maladies de nos cultures et de leurs ravageurs. La relocalisation de nos productions en fonction des besoins du marché européen est un facteur d’amélioration de la biodiversité.

 

Le sol, une biodiversité invisible, une fertilité à entretenir. Agir en faveur de la biodiversité, ce n’est pas seulement cultiver des fleurs ou disposer des ruches en bordure de route. La microbiologie des sols nous montre que la grande majorité de la biodiversité vit dans les sols de nos champs. Elle est composée de millions d’espèces que nous devons protéger pour que les générations futures puissent continuer à bénéficier de sols fertiles pour produire leur nourriture. Nous devons pénétrer dans les champs et les travailler dans de bonnes conditions. La structure des sols est particulièrement importante, elle permet par l’aération d’en faire vivre la faune du sol et d’y assurer une bonne colonisation racinaire. Seuls des sols en bonne santé permettent d’obtenir de bonnes récoltes.

 

Organismes nuisibles. Depuis la nuit des temps, les cultivateurs ont protégé leurs champs contre les attaques de nuisibles. Cela va des maladies cryptogamiques comme l’ergot du seigle jusqu’aux sangliers en passant par les criquets, les mulots et les plantes toxiques telles que le datura. Chaque année, 7 nouveaux organismes nuisibles sont découverts en France. Protéger la biodiversité pour nourrir les hommes impose aussi de se défendre contre certains organismes vivants prédateurs de nos récoltes.

 

Environnement

 

Il est curieux de voir toutes les grandes entreprises industrielles ou de services s’engager en faveur de l’environnement alors qu’elles ont leurs sièges dans des tours en béton dans les grandes agglomérations, qu’elles transportent des marchandises à travers toute la planète et que leurs collaborateurs voyagent régulièrement en avion. Leur activité n’est en rien favorable pour les milieux naturels : océans, champs, prairies ou forêts. A côté de cela on culpabilise les agriculteurs en leur faisant croire qu’ils seraient des pollueurs. Nous avons le désagréable sentiment que tant que l’on focalise l’opinion publique sur l’agriculture, on laisse tranquille les autres secteurs de l’économie. Pourtant, le métier d’agriculteur est le plus utile et le plus noble de tous. Les attitudes de certains syndicats agricoles contribuent à dégrader l’image des agriculteurs. Quand l’un critique l’agriculture intensive ou demande la suppression des pesticides, l’autre répond en acquiesçant et en proposant des chartes, des formations et d’autres contraintes supplémentaires… Une bonne politique agricole souveraine et des agriculteurs nombreux sont les 2 préalables indispensables au maintien d’une agriculture durable dans un environnement protégé. Nous n’en avons hélas pas encore pris le chemin.

 

Climat

 

Quel que soit le climat, les agriculteurs ont le devoir et même l’obligation de produire le plus régulièrement possible pour nourrir la population. Pendant « l’optimum climatique médiéval », la température était de 2 degrés supérieure à ce que nous connaissons actuellement et cela a correspondu à une période propice pour l’agriculture. Puis y a eu le « petit âge glaciaire » aux Xvème et XVIème siècles avec des années de famine. Les agriculteurs se soucient plus des aléas du climat que de son changement. Les sécheresses sont fortement préjudiciables si l’eau n’est pas disponible pour irriguer mais les années froides peuvent être pire. L’année 1816 n’a pas connu d’été suite à l’éruption du volcan indonésien Tambora, elle entraîna la dernière grande crise de subsistance. 200 ans après, le mois de juin pluvieux de l’année 2016 restera dans les mémoires des céréaliers du bassin parisien. Avec une population mondiale qui croit fortement, il devient indispensable de protéger les agriculteurs et leurs récoltes des aléas qui concernent de grandes zones : le manque et l’excès d’eau. L’irrigation, le stockage de l’eau, le drainage, l’entretien des fossés et des rivières ne doivent pâtir d’aucune entrave. Si au cours de l’histoire les bonnes récoltes étaient sources de richesse et de développement économique, nous ne pouvons que déplorer qu’il faille dorénavant compter sur les seuls accidents climatiques ailleurs pour que les producteurs de grandes cultures puissent vivre du fruit de leur travail. Le printemps « pourri » de 2007 en Europe a permis au cours du blé de se redresser. La sécheresse en Russie de 2010 puis celle qu’ont subie les États-Unis en 2012 ont permis aux prix agricoles de se maintenir à un niveau rémunérateur pendant 3 campagnes. Depuis, en l’absence d’accident climatique important, la production de grains et de sucre a dépassé la consommation mondiale faisant écrouler les cours et supprimant tout revenu pour une majorité des producteurs mondiaux. Protéger le climat c’est bien mais protéger les marchés agricoles c’est encore plus important et plus urgent pour sauver la planète et l’humanité.