Coronavirus et marché des grandes cultures : point de situation

Les biocarburants pénalisent encore une fois les agriculteurs !

Dans un climat d’incertitude sur les approvisionnements, le prix des grains devrait normalement monter à l’image du blé dur, une culture mineure mais destinée à l’alimentation humaine. Or, pour l’instant il n’en est rien. Sur le marché des principales céréales, les prix du blé tendre et du maïs restent assez stables avec un delta de prix blé/maïs de 34 €/t qui est inédit et qui incite les fabricants d’aliments du bétail à importer du maïs en provenance de pays tiers. Rappelons que l’UE est hélas devenue le premier importateur mondial de maïs depuis quelques années. Les cours du maïs sont alourdis car les États-Unis diminuent les quantités destinées à la production d’éthanol devenue moins rentable avec un baril de pétrole en chute.

Le pire est à observer du coté des oléagineux. La dernière cotation physique du colza rendu Rouen était de 340 €/t, le 18 mars. Depuis, plus rien… Pour le tournesol, ce n’est pas mieux avec une cotation rendu Saint-Nazaire de 335 €/t.

Prix divisés par 5 depuis 40 ans !

En pleine crise du coronavirus, FGC ne peut que constater à nouveau qu’adosser les prix de nos matières premières sur ceux des carburants est une erreur. Oui, les biocarburants pourraient permettre de réguler certains marchés (sucre, huile,…) mais il s’avère que l’absence de vision globale et de régulation les empêche à chaque fois de jouer ce rôle.

Persister à croire que les oléagineux, valorisés pour partie en carburant et pour partie en source de protéine, peuvent remplacer les protéagineux est une erreur. La crise limite les besoins en carburant mais maintient les besoins en tourteaux riche en protéines et finit par tout bloquer ! Pourquoi continuer à mettre nos huiles végétales dans les moteurs pendant que l’UE importe les 2/3 de ses besoins en huiles alimentaires ?

FGC est très inquiète de la diminution des surfaces des oléoprotéagineux causée par 2 raisons : la disparition de solutions efficaces de lutte contre les ravageurs et des prix non rémunérateurs. Nous avons besoin d’un vrai plan protéine ambitieux, qui mettrait fin à la fausse « vocation exportatrice en blé » en rééquilibrant nos assolements.

Malheureusement, nos propres organismes interprofessionnels jouent la carte du « rien changer », il faut dire que leurs fauteuils de ses dirigeants sont extrêmement confortables !

FGC qui participe à toutes les réunions de crise ne peut que s’opposer aux propositions sans scrupules, comme profiter de la situation pour placer des sojas d’importation OGM partout pour simplifier le travail des fabricants d’aliment, bloquer les prix des matières premières agricoles, etc… En revanche, nous défendons l’idée de faciliter le fret routier en accordant aux transporteurs la suppression des péages d’autoroutes.

Le bon sens paysan serait tellement nécessaire pour lutter contre cette crise et repartir sur de bonnes bases ! La crise sanitaire du covid-19 que nous traversons devrait impulser une nouvelle PAC basée sur les besoins alimentaires du marché européen et des prix attractifs pour toutes les productions déficitaires. C’est d’ailleurs en résumé ce qu’a dit Emmanuel Macron lors de son intervention télévisée en début de crise du coronavirus. FGC et la CR qui mènent depuis tant d’années le combat pour l’Exception Agriculturelle ont tout ce qu’il faut comme propositions pour y parvenir.

Damien Brunelle

Président de FGC