10 Avr 2020 Covid-19 : épandage phyto et confinement sont compatibles
En cette période de confinement, les écologistes mettent en avant la nuisance des épandages de produits phytopharmaceutiques pour les riverains. Mais qu’en est-il réellement ?
Cette vision des choses ne tient pas compte de la réalité des itinéraires techniques et de la dérive de pulvérisation.
En blé, il suffit généralement d’un seul passage de fongicide. A cela s’ajoutent un désherbage et un passage d’insecticide.
Cela donne en général que 3 passages de la rampe dans la parcelle jouxtant le jardin du riverain, qui s’il en ressent le besoin, aura pris la peine d’implanter une haie, parfois doublée d’un filet brise-vue ou brise-vent.
Le taux d’humidité de l’air pousse en outre les agriculteurs à réaliser leur passage de fongicide et d’herbicide très tôt le matin ou tard le soir, à des horaires moins gênants pour les riverains.
Sur une période de confinement qui risque de durer des semaines voire des mois, la contrainte existe mais est tout de même relative. En dehors des quelques heures d’épandage de produits, les particuliers peuvent profiter de leurs extérieurs.
De plus, épandu par beau temps et en l’absence de vent, le mélange d’eau et de substance active atteint sa cible et ne dérive quasiment pas. D’après les données prises comme référence par le ministère de l’agriculture[1], en grandes cultures, moins de 1% de la quantité appliquée se dépose au sol à 3 mètres de la zone d’application. Or, ces données datent de 2001 et le matériel de pulvérisation a depuis fait l’objet de progrès considérables.
Si le niveau de nuisance est en réalité assez modéré, n’est-ce pas plutôt la simple vue d’un pulvérisateur qui fait peur au riverain alors que cet appareil sert aussi à épandre de l’engrais liquide ou des bio-pesticides (pesticides homologués en bio). Il est apparu que des riverains ont signalé des traitements à la DRAAF, en ignorant que produit épandu était en réalité un bio-pesticide.
Nul ne doute d’ailleurs que les épandages de produits de biocontrôle, de substances de base ou de produits à faible risque, n’étant soumis à aucune ZNT, ne manqueront pas d’être régulièrement signalés par les riverains insuffisamment informés des types de produits existants et de la réglementation dont ils font l’objet et que les agriculteurs appliquent en très grande majorité de façon scrupuleuse.
Les agriculteurs sont pour l’écrasante majorité des gens expérimentés et consciencieux dont le travail est un devoir civique qu’ils accomplissent avec leur éthique, pétris de la préoccupation d’aussi bien nourrir les autres consommateurs que ceux de leur famille. Ils sont très respectueux de la réglementation qu’ils appliquent même si souvent celle-ci leur parait abusivement contraignante et inadaptée.
Ils souffrent par ailleurs du dénigrement outrancier de leur manière d’exercer leur métier et notent que beaucoup ont choisi de s’éloigner des zones urbaines pour s’installer à la campagne, décrite cependant par certaines associations comme le lieu de toutes les pollutions et intoxications.
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[1] Rautmann D. et al, 2001 – Instruction technique DGAL/SDQPV/2016-80 du 27/01/2016