10 Jan 2020 Grandes cultures : 6 années sur 7 de travail à perte ! Ça suffit !
La Commission des Comptes de l’Agriculture de la Nation (CCAN) vient de faire paraître les résultats économiques de la ferme France de l’année 2019. Et il n’y a pas de quoi jubiler pour les producteurs de grandes cultures !
En céréales, la quantité est au rendez-vous (+13,6% – c’est la 3e récolte record après 2015 et 2014) mais pas le prix (-11,4%), avec des replis plus marqués sur le blé et l’orge (dont le volume récolté augmente de 23%).
Si l’INSEE relève globalement une petite hausse de 0,6% de la valeur de la production en céréales, sur le terrain, on voit la majorité des céréaliers dans une situation critique avec des charges et des contraintes qui ne cessent d’augmenter. Le petit répit de 2018 n’avait pas réussi à effacer les 5 années de travail à perte (de 2013 à 2017 – d’après l’Observatoire des prix et des marges) et en 2019, d’après l’observatoire Arvalis sur le blé tendre, la marge nette est déficitaire, malgré les bons rendements.
Le bilan conjoncturel du service de la statistique du ministère (SSP) montre que tendanciellement, la production de blé et d’orge augmente d’année en année mais est-ce une bonne nouvelle quand on constate que le principal débouché est l’export sur des marchés internationaux qui ne sont conquis qu’en étant le moins disant face à des prix de dumping ?
Le prix du colza a, pour sa part, augmenté mais cela ne profite pas aux agriculteurs qui ont obtenu de mauvais rendement – pour ceux qui n’ont pas dû détruire les surfaces – et ont été confrontés à des complications au semis et des attaques d’insectes. Cela se vérifie d’ailleurs dans les 29% de baisse des volumes (après 7,3% de baisse en 2018).
Les cultures de printemps ont subit une sécheresse très forte et les restrictions d’eau ont pénalisé les rendements en maïs. De plus, les pluies incessantes depuis octobre on fait perdre certaines récoltes.
Enfin, il ne faut pas se fier à la stabilité du prix de la betterave constaté par l’INSEE entre 2018 et 2019 (0% de hausse). L’année précédente, ce prix avait chuté de 15% et il avait déjà chuté de 7% en 2017. Les planteurs perdent tous, depuis 2 ans, entre 300 et 500 € par hectare.