betterave

Interdiction NNI : il est urgent de rendre le pouvoir et la liberté aux planteurs !

Une filière qui se porte mal depuis la fin des quotas

 

Après l’abandon des quotas, les années qui ont suivi ont vu les surfaces semées en betteraves s’effondrer en raison de la chute des prix payés aux producteurs. Ainsi, la filière betteraves n’avait pas besoin de l’interdiction des NNI pour aller mal.

De plus, cette dérégulation du marché s’est faite en toute connaissance de cause : on savait que les NNI seraient interdits dès 2016. Pourtant, les pouvoirs publics ont, dans le même temps, organisé la dérégulation et la concurrence déloyale sur le marché du sucre.

Pour les planteurs, le retrait des néonicotinoïdes expose la culture à la jaunisse, maladie qui représente un risque de pertes de rendement (et donc de revenu) pouvant atteindre les 80 %, comme on a pu le voir en 2020 ! Il est donc nécessaire de sécuriser le revenu des agriculteurs sur cette culture, sous peine de voir toute la filière s’effondrer.

C’est une absurdité terrible que d’interdire les enrobages de semences, qui étaient le moindre mal, avec une vraie limitation des risques pour l’environnement, surtout avec le plan qui limite les cultures suivant la betterave (qui ne fleurit pas, rappelons le aux écolos qui ne connaissent même pas le cycle de vie d’une betterave) et donc avec aucune culture attractive pour les pollinisateurs pendant les deux années ou le produit est susceptible d’avoir des rémanences. Cependant, la Coordination Rurale (CR) en est réduite à demander à pouvoir utiliser des néonicotinoïdes en foliaire, afin de s’aligner sur les autres pays de l’UE, tout en sachant que l’impact environnemental des épandages est forcément plus important que celui des semences enrobées.

Il ne faut pas laisser croire que si on donne de l’argent, on peut tout supprimer

 

Ainsi, la CR s’oppose à la logique de l’indemnisation des NNI, car c’est la porte ouverte à toutes les interdictions sans solutions. On connaît les aides, on a vu ce que ça a donné avec la PAC : au début, cela compense à peu près les pertes, et très vite, s’ajoutent des conditions de plus en plus contraignantes, et les aides diminuent. Les agriculteurs vont encore passer pour des assistés. Il faut qu’ils puissent vivre dignement de leur métier, pas des aides publiques (des prix, pas des primes).

La CR demande de véritables mesures de protection du marché pour interdire les importations qui ne respectent pas nos normes (travail des enfants (!), déforestation, normes environnementales, etc.) et permettre d’encadrer les prix payés aux producteurs (via un retour de quotas si nécessaire).

Dès cette année, il est indispensable de libérer les agriculteurs de leurs obligations de surfaces. En effet, vu l’évolution du contexte, il faut permettre à chaque agriculteur de choisir s’il accepte de supporter le risque pour toute la filière. Dorénavant, les contrats de betteraves devront être annuels, afin de redonner un pouvoir de négociation aux planteurs.

Enfin, la CR souhaite rappeler que le prix pour les consommateurs ne serait que faiblement impacté par une hausse du prix payé au producteur. Ainsi, dans 1 litre de cola, la part de prix payé au producteur représente 2,2 centimes (pour un prix de 45 €/tonne de betterave). Un prix payé à 100 €/tonne de betterave ne représenterait, pour le consommateur, qu’une hausse de 2,5 centimes du litre de soda !