Pour FGC, il est nécessaire de renégocier les contrats avant moisson

Nous connaissons tous le contexte inflationniste lié à la relance post-Covid-19, renforcé par la guerre en Ukraine, le tout sur fond de tensions sur les prix et les approvisionnements en énergie. Les coûts de production explosent, tirés par les engrais et l’énergie, ainsi que la hausse généralisée du prix des matières premières.

À l’occasion de réunions de crise au ministère de l’Agriculture, une charte a été signée pour permettre à l’industrie de répercuter ses charges sur la grande distribution.

Nous, producteurs, sommes pris en étau : d’une part, la hausse des intrants et donc des coûts de production, et d’autre part, une insécurité terrible sur les prix de vente de la campagne 2022.

Des coûts de production alarmants pour cette campagne 2022

Au sein de France Grandes Cultures (FGC), nous avons actualisé les coûts de production du blé tendre avec les relevés de prix de mars 2022. Ces simulations ont permis d’estimer un coût de production total dépassant les 310 €/tonne. Déjà, en novembre 2021 on passait la barre des 250 €/tonne, et on sait qu’à ce moment-là, près de 50 % des agriculteurs n’étaient pas couverts en engrais azotés !

Dans l’hypothèse où les rendements 2022 se situent dans la moyenne des cinq dernières années, on peut donc déduire que le coût de production moyen 2022 se situera sans doute quelque part autour de 250 €/tonne.

Des producteurs engagés tôt pour la campagne 2022

Pour de nombreux producteurs qui cherchent à réduire leur vulnérabilité face aux fluctuations des marchés, il est d’usage de vendre une partie de leurs récoltes avant la moisson.

En effet, l’habitude de connaître des prix inférieurs aux coûts de production est telle que, quand, à l’été 2021, les marchés à terme ont proposé des prix qui avoisinaient les 200 €/tonne, de nombreux producteurs ont accepté ce prix pensant couvrir une partie de leur récolte, et craignant que les marchés ne repassent en dessous de leurs coûts de production. (On rappellera que le coût de production moyen sur ces 10 dernières années s’élève à environ 200 €/tonne, là où le prix de vente moyen est à 170 € d’après l’OFPM).

Cependant, à partir d’octobre 2021, en raison du contexte économique et notamment du prix du gaz (principal facteur de production des engrais azotés), les coûts de production se sont envolés, et sont restés extrêmement élevés jusqu’au début de la guerre en Ukraine qui a encore accentué la hausse des prix de l’énergie.

Ainsi, les contrats de vente des récoltes avant moisson qui ont été passés cette année, et particulièrement ceux qui ont été signés avant le mois d’octobre, obligent de nombreux producteurs à livrer une partie de leur récolte vraiment très en dessous des coûts de production.

Pourquoi FGC considère qu’il faut permettre aux agriculteurs de renégocier leurs contrats ?

La révision des contrats est possible pour l’aval

On constate que les acteurs de l’aval agricole et de la grande distribution, sous la houlette du ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, ont été invités à se remettre à la table des négociations sur les prix des produits alimentaires, alors que les négociations commerciales venaient tout juste de se clore au 1er mars, et devaient permettre, avec Egalim2, une meilleure répercussion des fluctuations des prix des productions agricoles jusqu’au consommateur.

Ainsi, l’aval agricole peut répercuter les variations de ses coûts de production jusqu’au consommateur final.

De l’autre côté, on constate que les charges des agriculteurs ont connu, elles aussi, des évolutions qui suivaient les prix de marché. Ainsi, pour les bâtiments ou le machinisme agricole, par exemple, des producteurs en grandes cultures nous ont indiqué que leurs contrats ou devis signés avaient fait l’objet de révision de prix après signature, grâce à diverses clauses qui permettent à ces entreprises de répercuter les évolutions de prix de leurs matières premières.

Pour des prix rémunérateurs

À FGC, nous nous battrons toujours pour que les agriculteurs aient des prix rémunérateurs, il est donc indispensable de pouvoir revoir ces contrats !

Quand FGC a exposé la situation dans laquelle se trouvent de nombreux agriculteurs à l’occasion d’un conseil d’administration d’Intercéréales (l’interprofession céréalière qui réunit la plupart des organisations de la production à la première transformation), nous nous sommes vu répondre qu’aucune généralisation de la renégociation n’était envisageable, et qu’il fallait donc que chaque contrat soit renégocié directement avec son négoce ou son organisme stockeur.

Nous incitons donc les producteurs qui se trouvent dans une situation où ils se sont engagés à livrer des productions à des prix qui sont, aujourd’hui, inférieurs à leurs coûts de productions pour cette culture à se rapprocher de leurs organismes stockeurs dans l’objectif de renégocier leurs contrats à la hausse.

Si vous vous trouvez dans une telle situation, vous pouvez solliciter votre organisme stockeur en leur faisant parvenir l’un des courriers suivants, avec les données chiffrées de votre exploitation pour la culture contractualisée.

Les retours que vous obtiendrez nous intéressent pour pouvoir porter ce sujet plus loin syndicalement.

 

Exemple de courrier pour les négoces privés à télécharger

Exemple de courrier pour une coopérative à télécharger