Récolte de sucre : des prix bas partout, surtout chez les coopératives !

Des prix bas, même chez les meilleurs !

Dans un contexte plus favorable pour les cours mondiaux du sucre, Saint Louis Sucre a finalisé pour la récolte 2020 son prix pour la betterave (pulpes comprises) à 23,78 €/t betterave entière. Soit 25,56 €/t équivalent collet à 16 %. Après avoir annoncé ce prix aux planteurs de Saint Louis Sucre le 16 juin dernier, Thomas Nuytten, directeur betteravier du groupe sucrier a déclaré : « Nous terminons la campagne 2020 avec le prix payé aux producteurs le plus élevé de France, et ce, pour la deuxième année consécutive ».

La Coordination Rurale (CR) félicite cet effort qui intervient en même temps que l’intervention d’Avenir Sucre (une nouvelle organisation de producteurs, indépendante de la CGB) dans les négociations avec l’industriel. Cependant, nous ne pouvons pleinement nous réjouir de cette situation. En effet, ce prix le plus haut du marché reste bien inférieur au prix d’équilibre évalué par l’ITB (Institut technique de la betterave) de 27 euros par tonne, et cela, dans de bonnes années de production ! Le constat est donc catastrophique : même en prenant le prix payé aux producteurs le plus élevé de France, les betteraviers produisent encore à perte en 2020.

 

Un problème structurel

Même si le prix payé aux producteurs le plus élevé ne suffit pas à couvrir les coûts de production, nous ne pouvons blâmer sans cesse les industriels pour cet accablant constat. En effet, le problème est structurel. Aujourd’hui, dans la filière sucre, comme dans beaucoup d’autres, le prix de vente des produits finis est basé sur le cours du marché. L’industriel réduit ensuite les coûts de production comme il le peut, avec en bout de ligne le prix payé aux producteurs qui sert de variable d’ajustement.

Cette construction des prix mène à une destruction de la filière de betteraves sucrières françaises, avec des agriculteurs qui produisent à perte. À la CR, nous proposons d’inverser la logique de construction des prix en l’indexant sur les coûts de production ! Bien sûr, cela n’est possible qu’avec des changements stratégiques dans notre politique agricole (plus d’information ici).

 

Un constat d’échec pour le modèle coopératif

La CR pointe également du doigt les prix particulièrement bas des coopératives. En effet, il n’est pas normal qu’un industriel privé arrive à payer un prix aux producteurs supérieur à celui pratiqué par les coopératives, pourtant exonérer de certaines charges fiscales !

Pour la CR, la coopération doit retrouver son esprit initial, c’est-à-dire redevenir l’outil qui prolonge l’exploitation et lui procure un meilleur résultat. Il serait plus judicieux que la stratégie d’investissement des groupes coopératifs vise, en priorité, à aider à l’amélioration des revenus de leurs adhérents et le développement local plutôt que de viser un développement à l’international aux conséquences aléatoires.

 

Tous les industriels ont annoncé que les prix payés aux producteurs de betteraves allaient augmenter pour les prochaines récoltes. La CR espère vivement que ces annonces vont se concrétiser, ainsi que la baisse des importations de sucre sans traçabilité (qui se compte en millions de tonnes), qui fragilisent l’ensemble de la filière. C’est d’ailleurs la principale cause de la faible rémunération des producteurs, malgré des rendements catastrophiques en 2020 !