Pénurie de farine en France : la faute de l’Allemagne ?

Une importation de farine depuis l’Allemagne et l’Italie

Car le principal problème n’est pas celui de la production ; c’est davantage celui de l’emballage. La grande majorité des moulins de France produisent des sacs de 10 ou 25 kilos à destination des industriels et des boulangers, qui représentent 95% de la demande totale de farine. Le marché du petit conditionnement, les sachets de 500 grammes ou de 1 kg exigent des lignes d’ensachage spécifique, plus longs et plus contraignants que les gros emballages destinés aux industriels. Les petits paquets, eux, sont principalement fabriqués… en Allemagne, où les coûts de production sont inférieurs, et dans une moindre mesure en Italie. « La France, malgré ses excédents, importe plus de 250 000 tonnes de farine d’Allemagne. Cela représente plus d’un paquet de farine sur deux vendu en grande distribution » explique Jean-François Loiseau. Or, depuis la mi-mars, les fournisseurs allemands ont annulé leur contrat, préférant livrer en priorité le marché d’outre-Rhin, provoquant de fait une rupture dans la chaine d’approvisionnement des hypers et supermarchés français.

Souveraineté alimentaire en temps de pandémie

Comment en est-on arrivé là ? « En grande surface, les marques distributeurs, qu’il s’agisse de Carrefour, Auchan, Leclerc… représentent 45% du marché. C’est colossal. Et cette farine là, depuis vingt ans, est importée à bas prix », développe Jean-François Loiseau. Et de fustiger la guerre des prix entretenue par les distributeurs « qui défendent les consommateurs mais écrasent les industriels français ». Illustration : en moyenne, un kilo de farine est vendu en grande distribution 1,20 euro. Elle est achetée aux meuniers allemands à peine 30 centimes…contre 40 centimes en France pour une marque distributeur et 60 centimes pour une marque industrielle (Francine, Axiane…). Quant à la farine de haute qualité des boulangers, elle est vendue aux alentours d’un euro le kilo par les meuniers. « Aujourd’hui, la grande distribution pleure car elle ne trouve plus de farine. Mais quand tout allait bien, elle ne nous faisait pas de cadeau et préférait aller se fournir ailleurs », appuie encore Jean-François Loiseau. La souveraineté nationale vient d’être remis au goût du jour. Pour les biens de première nécessité, c’est clairement une priorité.

Source : Valeurs Actuelles – article complet sur https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/societe/penurie-de-farine-linquietude-grandit-dans-les-supermarches-118633