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PSN : ce que la Commission recommande à la France, et à quelques-uns de nos voisins

La Commission a émis des recommandations aux États membres sur leur plan stratégique national relevant de la politique agricole commune.

Les recommandations s’articulent autour de 4 axes :
• Favoriser le développement d’un secteur agricole intelligent, résilient et diversifié garantissant la sécurité alimentaire ;
• Renforcer la protection de l’environnement et l’action pour le climat et contribuer aux objectifs de l’UE liés à l’environnement et au climat ;
• Renforcer le tissu socio-économique des zones rurales et répondre aux préoccupations sociétales ;
• Stimuler et partager les connaissances, l’innovation et la numérisation dans l’agriculture et dans les zones rurales, et encourager leur utilisation.

 

Les recommandations communes

En comparant les recommandations de la Commission pour la France (cliquez ici), et celles pour l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Belgique, on peut remarquer des recommandations communes aux 5 pays :
• l’amélioration de la résilience du secteur agricole et des exploitations, notamment par l’utilisation de l’aide redistributive complémentaire au revenu pour un développement durable ;
• l’amélioration de la protection de la biodiversité, l’arrêt et l’inversion de la détérioration de l’état de conservation des habitats et des espèces ;
• favoriser l’adaptation au changement climatique ;
• renforcer les efforts de réduction des quantités de produits phytopharmaceutiques (PPP – pesticides selon la Commission) utilisées et des risques associés tout en promouvant l’utilisation durable des PPP, en particulier en assurant l’adoption des pratiques de lutte intégrée contre les ravageurs ;
• réduire l’utilisation d’antibiotiques ;
• atténuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) ;
• améliorer le bien-être des animaux en mettant en place des mesures plus ambitieuses pour promouvoir les bonnes pratiques d’élevage, (les animaux cibles sont différents selon les pays) ;
• renforcer les SCIA (systèmes de connaissances et d’information agricoles) pour améliorer la performance durable et la compétitivité du secteur agricole.

D’autres recommandations sont globalement partagées, comme :
• l’achèvement des investissements dans l’internet haut-débit (la Belgique n’est par exemple pas concernée) ;
• renforcer la tendance actuelle à la hausse des superficies en agriculture biologique grâce à des programmes de conversion et de maintien adéquats (la France est la seule à ne pas avoir cette recommandation) ;
• le renforcement et le développement des OP (la France est le seul pays à ne pas se le voir recommander, ayant le plus grand nombre d’OP reconnues de l’UE) ;
• le dépeuplement des zones rurales (la France et la Belgique ne font pas partie des pays à qui cette recommandation est adressée) ;
• ou la réduction des pertes de nitrates et phosphore.

Des recommandations spécifiques qui interrogent…

Enfin, certains recommandations sont spécifiques. La modernisation de l’irrigation est une recommandation uniquement pour le PSN de l’Espagne, mais étrangement la Commission n’estime pas cet objectif crucial pour la France également. On peut s’en étonner, compte tenu des sécheresses à répétition qu’à connues la France ces dernières années.

Inversement, la France est le seul État membre à devoir mettre fin au déclin et à la dégradation de ses prairies permanentes et rémunérer la protection de ces réservoirs à carbone. N’y a-t-il pas de prairies à préserver dans les autres États ? On peut aisément en douter.

La France est également la seule à devoir « promouvoir les initiatives et la coopération sectorielles, en particulier dans les secteurs dont la compétitivité est faible ou en déclin, ainsi que la coopération intersectorielle au niveau territorial, afin d’accroître les économies de gamme, mais aussi, d’accompagner les restructurations et les économies d’échelle lorsqu’elles sont nécessaires, de réaliser des gains d’efficacité et de produire à des coûts plus bas. »

La pression sera encore mise sur les agriculteurs qui, au-delà de subir des contraintes environnementales et politiques, doivent encore faire des efforts sur leur compétitivité et leurs coûts de production, mais aucune contrepartie n’est demandée aux transformateurs, ni aux consommateurs. Il y a bien un phénomène de ruissellement, mais celui-ci ne semble concerner que les exigences, non les prix rémunérateurs et la reconnaissance.

Enfin, encourager les jeunes à se lancer dans l’agriculture n’est recommandé qu’à l’Italie et à la Belgique… C’est également très surprenant, si on considère le défi principal que l’agriculture française doit relever au cours de cette programmation, à savoir pourvoir au remplacement des agriculteurs qui vont partir massivement à la retraite dans les prochaines années. La CR, par ses positions et propositions veillera donc à ce le PSN français relève le défi de ce déménagement rural en apportant les outils nécessaires pour favoriser l’installation de manière globale et donc l’entrée dans le métier de nouveaux agriculteurs.

Pour la CR, si la « résilience » des exploitations agricoles peut être renforcée par l’utilisation des outils d’aides de la PAC qui peuvent contribuer à améliorer / sécuriser une partie du revenu, il est urgent et indispensable d’enfin améliorer les prix, de travailler à l’inversion de la construction de celui-ci. Les agriculteurs doivent être rémunérés dignement pour leur travail ! C’est là un axe majeur mais scandaleusement ignoré par la Commission.