Tour de plaine de l’été : une moisson très inégale et de la pluie sur tout le territoire national

France Grandes Cultures vous propose un aperçu des récoltes et perspectives en grandes cultures au 30 juillet, via les témoignages de trois adhérents répartis sur l’ensemble du territoire.

 

Pour Aurélie Hallain, céréalière en Eure-et-Loir, et vice-présidente de France Grandes Cultures, la moisson est presque terminée. Son exploitation a été sérieusement touchée par deux épisodes de grêle le 26 mai et le 19 juin, mais les assurances couvriront une partie des pertes.

Le PS et le calibrage des orges d’hiver ne permettront pas une valorisation optimale. On retrouvait près de 30 % d’orgette dans la remorque, mais heureusement les rendements ont été bons cette année avec 85 à 90 q/ha.

Les rendements de colza, également tous récoltés, sont dans la moyenne des cinq dernières années, avec 40 à 42 q/ha. Les pertes liées à la grêle sont estimées à 10 % environ.

Aurélie a choisi d’adapter son itinéraire technique pour pouvoir valoriser son colza avec une prime de faible émission de gaz à effet de serre.

Attention, pour ceux qui stockent leur colza et comptaient le vendre avec cette prime GES, il semblerait que les triturateurs n’appliqueront cette prime que sur une quantité finie de graines. Premier arrivé, premier servi, donc.

 

40 ha de blé tendre ont déjà été récoltés sur les 65, et Aurélie espère finir la moisson dans les prochains jours, si la météo le permet. Sur sa ferme, la qualité semble convenable, le PS à 76-77, et les protéines sont présentes. Mais certains voisins n’ont pas cette chance, et se retrouvent avec des PS à 70…

Dans la région, l’humidité continue d’être très élevée, et certains agriculteurs moissonnent avec des taux d’humidité de 17 %.

Les betteraves d’Aurélie ont souffert des épisodes de grêle, mais de nouvelles feuilles sont sorties depuis. Il faut espérer que cela n’ait pas trop de conséquences sur le taux de sucre, car il n’y a pas beaucoup de soleil cet été. L’état sanitaire semble convenable, même s’il y a quelques feuilles jaunies sur certaines plantes. À surveiller donc.

Rappel concernant les assurances :

Il existe deux types d’assurances différents concernant les dégâts de grêle :

  • Les assurances traditionnelles, qui se basent sur les rendements historiques pour déterminer les montants des indemnités ;
  • Les assurances forfaitaires, basées sur le potentiel de la parcelle, et qui compensent le manque à gagner estimé sur la parcelle en analysant les dégâts.

 

 

Dans la Somme, Éric Lavoine, entrepreneur agricole, fait part de ses inquiétudes pour la suite de la moisson. La petite partie du blé tendre déjà rentrée est loin des rendements annoncés par Arvalis, avec environ 20 quintaux de moins que la moyenne habituelle, et une qualité globalement mauvaise sur le PS et l’indice de chute de Hagbreg, même si le taux de protéines est élevé (12 % là où le taux est plutôt de 10 % habituellement). Avec encore une dizaine de jours de pluie annoncée, les inquiétudes d’Éric concernant la germination sur pied sont fortes, d’autant que les ¾ du blé sont encore dans les champs.

Sur l’escourgeon et le colza déjà battus, les effets du gel ont été visibles, même si les rendements sont convenables, bien que très inégaux sur le territoire. Les rendements du colza sont compris entre 20 et 43 quintaux par ha, et ceux de l’escourgeon entre 60 et 129 q/ha, selon la topographie parcelles.

Les maïs et les betteraves bénéficient pour l’instant des pluies régulières, mais les pommes de terre pâtissent de la météo : les calibres risquent d’être trop élevés, et la pression du mildiou oblige à utiliser des antifongiques régulièrement pour garantir les récoltes.

D’après Éric, pour les pois de conserve, on peut s’attendre à une année supérieure à la moyenne dans les Hauts-de-France.

 

 

Thierry Guilbert, agriculteur en Bio dans le Gers, et trésorier de FGC, a fini ses moissons semaine 30.

Les premières parcelles de céréales à paille moissonnées étaient de bonne qualité, mais la situation s’est dégradée sur les derniers ha, dont le grain était germé sur pied. Dans le Gers, les rendements étaient compris entre 25 et 55 quintaux ha, ce qui n’est pas une bonne année.

Thierry n’a pas fait de colza cette année, mais ses voisins qui en ont fait ont eu des rendements assez moyens, plutôt autour de 20 q/ha.

On a pu constater les effets du gel tardif sur le remplissage des épis, et la sécheresse qui a duré ce printemps n’a pas amélioré la situation.

Néanmoins, les pluies ont permis aux soja, maïs et autres tournesols de bien se développer, et il n’est pas rare de voir des maïs en sec presque aussi grands que des maïs irrigués.

En raison des pluies abondantes, la décision du préfet de bassin de diminuer les volumes d’eau pour l’irrigation de 25 % en interdisant le remplissage des réserves au-delà de 75 % de leur volume n’a pas eu d’impact économique pour les irrigants. Mais tout le monde sait que la situation ne sera pas identique tous les ans !

 

 

Illustration : Aurélie Hallain